Les amoureux du territoire, les amoureux de la musique, les amoureux de la vie tout simplement, ont appris le décès de Michel Schiler, avec une immense tristesse.
A Fénétrange, à la Petite Pierre, mais sur tout le territoire et pour différentes et nombreuses raisons, il était unanimement apprécié.
Naturellement l’on retient d’emblée qu’il fut l’un des fondateurs du festival « Au Grès du Jazz », en hommage aux artistes du territoire, et notamment à toute cette culture du jazz « manouche ».
Il ne lui fallut d’ailleurs pas longtemps, après son essai gagnant à la Petite Pierre, pour me glisser à l’oreille, à une époque où chaque Département, chaque Région, chaque Parc, sans parler des Communes, fonctionnait généralement en autonomie, qu’une collaboration avec Fénétrange serait féconde.
C’est ainsi que la co-production, parfaitement inattendue et première du genre, est née entre nos deux festivals, très rapidement, très naturellement, au bénéfice de concerts sans frontières.
Il serait inutile de donner ici de façon exhaustive, la listes des artistes prestigieux qui ont écrit, année après année, l’histoire de ces rencontres.
Mais si l’une devait être citée, ce fut la venue de l’immense pianiste Ahmad Jamal, qui mit le feu, c’est peu de le dire, lors d’une soirée glaciale du mois d’août et dans la salle polyvalente, autour de son projet « it’s magic ».
Oui Michel, tu as été « magic », transformant chaque thème, chaque discussion en un moment privilégié, où le temps s’arrête, où seule la passion du moment présent compte.
Très vite nous avons construit ensemble, des partenariats dépassant le cadre strict de la musique, créant par exemple, avec Sylvia Bergé de la Comédie Française, une soirée de théâtre musical autour de Sarah Bernhardt.
Sans limites et avant le spectacle, tu passas deux heures en forêt, pour ramasser des feuilles mortes, car tu avais entendu le metteur en scène dire que ce serait un réel « plus » pour la représentation.
Pendant ce temps, j’aidais de mon côté à disposer les rideaux de l’opéra du Rhin que tu avais réussi à obtenir, pour réaliser au final, un décor digne de l’opéra, dans un chapiteau de cirque !
Ce soir là encore, la « magie » opéra.
Je n’oublie pas ici les nombreuses collaborations “gastronomiques”, avec le prestige des cristalleries de Saint Louis, le verre inventif et contemporain de Catala Art Design, les faïenceries de Sarreguemines ou encore les couverts de Baerenthal, car le territoire et sa richesse étaient ton crédo.
Je n’oublie pas davantage, les collaborations et conseils nombreux que tu as donné au Maire que je suis devenu, encore grâce à tes encouragements.
Ni même les incroyables argumentations sur l’aménagement du territoire, que tu as pris le temps de rédiger sur ton lit, à l’hôpital dès que ta santé retrouvée te l’a permis.
Michel, cet hommage n’est pas celui d’un soir.
Tu fais partie des ceux qui par leur érudition, leur modestie, et leur engagement, restent toujours parmi nous, comme des exemples de vie.
Nous ne t’oublierons pas, ton engagement restant notre fil conducteur.
Ce soir je pense naturellement à Astrid, qui toujours, fidèlement t’accompagna, nous accompagna, elle également empathique et orientée vers un unique but : le bien de tous.
Cet hommage va naturellement vers elle, avec qui j’ai suffisamment échangé, pour comprendre cette fusion incroyable qui vous unissait.
Astrid nous sommes avec toi en pensées et en présence.
Ce soir je suis triste, nous sommes tellement tristes.
Mais nous sommes nourris de tous ces échanges et toutes ces réflexions qui nous consolent, en donnant un cap de vie que nous souhaitons ardemment, inspiré de ton modèle : la magie.
Merci Michel, du fond du cœur.
Benoît Piatkowski.